L'équipe







Le choix de l'équipe est une opération d'autant plus difficile que les volontaires
possédant à la fois la disponibilité et l'expérience ne courent pas les rues. Sur le terrain,
l'efficacité et le gain de temps nécessitent que les actions soient menées comme au sein d'un
orchestre: chacun possède sa partition, c'est-à-dire des actions spécifiques qu'il répète tous
les jours. Les mêmes gestes s'enchaînent et sont respectés à 24 heures d'intervalle, par
exemple pour le montage d'une tente. On sera ainsi dans les meilleures conditions pour
réaliser ces opérations dans des situations difficiles. Mais, en même temps, chacun doit être
capable de tout faire, car l'imprévu, la blessure, l'accident sont toujours possibles.

Le nombre de participants est un paramètre essentiel:

- l'expédition en solitaire est réservée à ceux qui savent gérer leur solitude. On connaît
l'exemple d'un alpiniste chevronné, ayant traversé en équipe la calotte polaire du
Groenland, qui était incapable de passer plus d'une nuit seul sur la banquise sans être
envahi par la panique. La marche en solitaire sous-tend généralement la présence d'une
base arrière solide. Alors que le "matériel collectif" est partagé entre les équipiers au
sein d'un groupe, la marche en solo exige de gérer au plus juste ce qui embarqué dans
la pulka en supprimant les redondances. L'autonomie est généralement de l'ordre d'un
mois. Mais des expéditions, en Antarctique notamment, ont montré qu'une autonomie
de deux mois était possible, avec une solide expérience et un très bon entrainement
physique. Ainsi, dans sa marche vers le pôle Sud, en 1994, le Norvégien Erling Kagge
a ainsi atteint son objectif en 50 jours, tirant au départ une pulka de 120 kg;

- dans une équipe de deux, les rapports reposent à la fois sur une bonne entente et sur des
concessions, tant il est vrai que le raid est un tête-à-tête permanent et que, pour les grands
choix, ou il y a unanimité, ou il y a désaccord. Le récit de Messner en Antarctique témoigne
des difficultés qui peuvent survenir. Par rapport à la marche en solitaire, la présence d'un
coéquipier est un "plus" si l'un des deux subit une défaillance passagère, ce qui fut notre cas
avec une ophtalmie en 1992;

- l'équipe de trois est optimale pour le partage du matériel collectif. A quatre, la possibilité
de disposer de deux tentes représente une sécurité supplémentaire si l'une des deux venait à
être inutilisable, ou en cas de difficultés avec un ours polaire. La possibilité de changer
d'interlocuteur est un facteur stabilisant de la vie de groupe, apportant la possibilité de varier
les relations;

- avec une équipe de plus de quatre personnes, on augmente la lourdeur de l'expédition:
plus on est, plus les sources de difficultés peuvent être nombreuses et, en atteignant la
dizaine, il faut par exemple prendre en compte comme un événement normal l'évacuation
sanitaire d'un des membres de l'expédition

Il n'est pas obligatoire d'être un athlète pour réaliser une expédition polaire, mais une bonne
condition physique est indispensable. La randonnée, l'alpinisme, le vélo, la course à pied
sont de bons sports de préparation et reproduisent assez bien les efforts qu'il faudra faire sur
la banquise. Certains s'entraînent à la traction de la pulka en tirant une charge au cours des
randonnées.

Une bonne condition psychologique est aussi essentielle pour être prêt à affronter l'imprévu
et les inévitables difficultés. Elle sous-entend d'être "bien dans sa tête", c'est-à-dire de ne
pas avoir à affronter en même temps de grosses difficultés familiales ou professionnelles.
Quand on est sur la banquise, il faut que son esprit y soit totalement. Il faut être conscient
des difficultés et des dangers, et examiner les réponses qu'il faudrait apporter dans les
situations correspondantes. Il faut enfin, comme dans toute expédition, "désirer atteindre le
but".

La préparation technique passe par une parfaite connaissance théorique et pratique du
matériel, car des réparations pourront être nécessaires pendant l'expédition et, pour utiliser
les matériels dans les conditions de froid extrême, il faut maîtriser parfaitement les
manipulations (montage de la tente, utilisation des réchauds).

Les situations d'avarie pourront utilement faire l'objet de "répétitions". Ainsi, un Norvégien
s'est-il entraîné aux chutes à l'eau dans le fjord d'Oslo pris par les glaces. De la même façon,
si les pulkas ont été prévues pour servir de radeau (traversée d'eaux libres), des
expérimentations et des entraînements seront nécessaires.

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