Ce qui caractérise surtout l'expédition polaire par rapport à l'alpinisme, c'est la nécessité d'un effort régulier s'inscrivant sur plusieurs
semaines, voire plusieurs mois. Le pôle nord magnétique nécessite environ un mois de marche sur la banquise; il faut deux mois pour un
aller-simple vers le pôle géographique et près de quatre mois pour un aller-retour. Sur de telles durées, il faut à la fois économiser les
hommes et le matériel.

Il faut adopter un rythme et un "mode de vie" que l'on soit capable de conserver longtemps, aussi bien physiquement que
psychologiquement et matériellement. En particulier, il faut s'efforcer de ne pas perdre de poids lors d'une expédition sur la banquise, et le
régime alimentaire doit être étudié en conséquence. Où aller ? Les possibilités sont nombreuses: lac gelé de Laponie, banquise plate des
fjords du Spitzberg ou du Nord Canada, banquise de mer parfois très tourmentée ou percée de trouées d'eau libre du Grand Nord russe
ou canadien, ou des eaux internationales de l'Océan Arctique. La randonnée arctique n'exclut pas la traversée des terres, qui peut même
être l'objectif principal, comme la traversée de l'île d'Ellesmere par une équipe franco-canadienne en 1992. Dans les archipels du Nord
canadien, la traversée d'îles au relief plat peut permettre d'éviter des passages difficiles de banquise (mais les pulkas et les peaux de
phoque peuvent souffrir dans les zones soufflées par le vent où affleure un sol gelé souvent très pierreux).

En ce qui concerne l'état de la banquise (surtout de mer), ne vous fiez pas aux "on dit". D'abord parce que ceux qui parlent sont plus
nombreux que ceux qui ont été sur place. Ensuite parce que les conditions de glace peuvent être très variables d'une année sur l'autre en
fonction notamment de la température et surtout des régimes de marées et de vent. Alors que nous avons dû faire face, en avril 1992, à une
glace épaisse avec des chaos indescriptibles sur la route du Pôle Nord Magnétique, la glace y était très fine en avril 1996, avec des bras
d'eaux libres.



L'organisation d'une expédition polaire
Quelle est la meilleure période pour une expédition polaire dans l'Arctique ? Toutes les expéditions se retrouvent sur la banquise au même
moment, centré sur le mois d'avril. Plus tôt, le froid est intense et la progression est gênée par la nuit polaire. Plus tard, la neige en surface
devient molle et les bras d'eau libres deviennent de plus en plus nombreux. Un aller-retour sur le pôle géographique nécessitera toutefois un
départ en février.
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