Le réchaud.




Aux basses températures, les réchauds à gaz ne sont plus utilisables. Le butane gèle.
Le mélange butane-propane reste plus longtemps gazeux, mais avec un pouvoir
calorifique très insuffisant, tout comme celui des pastilles de carburant solide (méta).
Il faut alors utiliser des réchauds à essence.
Leur importance pour l'expédition est vitale: " pas de réchaud - pas d'eau ", et
" pas d'eau - pas de vie ". Or le réchaud à essence est capricieux et d'usage délicat.
Il s'encrasse facilement et exige un entretien et des nettoyages fréquents.
Une équipe doit donc disposer au moins de deux réchauds, sans oublier de quoi
nettoyer et réparer.



L'essence C (naphta), très volatile, est un très bon combustible. On la trouve sans
problème dans le Grand Nord canadien, mais pas au Spitzberg où il faut se contenter
d'essence sans plomb ou d'exxol (clean paraffine = kérosène). Il faut alors utiliser un
réchaud dit "multifuel", capable d'utiliser essence, essence C ou kérosène, moyennant
généralement le changement du gicleur et avec un risque plus élevé d'encrassement
(même si l'on a pris la précaution toujours utile de remplir le réservoir avec un entonnoir
doté d'un filtre). En France, la vente d'essence C est interdite dans les grandes surfaces,
mais pas dans les petits commerces. Des magasins spécialisés "camping-outdoor"
vendent du "White Gas Coleman" encore plus efficace que l'essence C.

Les réchauds à essence fonctionnent ainsi: on refoule l'essence vers le brûleur
en augmentant la pression dans le réservoir (grâce à une pompe).
L'essence liquide est amenée à traverser la zone du brûleur dans un tuyau métallique
où, sous l'effet de la chaleur, elle se vaporise.
La vapeur sous pression est alors injectée dans le brûleur où elle donne son meilleur
rendement. Un préchauffage du tuyau métallique est donc nécessaire pour initialiser
la réaction, obtenu généralement en laissant brûler un peu d'essence liquide
dans la coupelle du brûleur.

Aux températures les plus basses, des difficultés supplémentaires apparaissent:
- l'utilisation d'essence automobile, moins volatile que l'essence C, rend indispensable
l'utilisation de pâte d'allumage semblable à celle utilisée pour allumer les barbecues;
- à -50°c, même l'essence C devient liquide à la sortie du gicleur, ce qui nécessite de la
réchauffer à la flamme d'un briquet préalablement tenu au chaud sur soi;
- les joints de caoutchouc deviennent cassants, avec un risque de perte d'étanchéité
et donc… d'incendie. Remplacez-les par des joints en cuir (à graisser périodiquement).
Vous pouvez aussi disposer de deux pompes, l'une montée sur le réchaud,
tandis que l'autre se trouve en secours, au chaud sous la doudoune.

L'utilisation du réchaud en plein air nécessite généralement un lourd pare-vent, et le
rendement est souvent médiocre. Il peut être amélioré en utilisant des " récupérateurs
de chaleur ".

Paradoxalement, l'incendie est un danger majeur sur la banquise !
Quel randonneur polaire n'a pas subi les caprices d'un réchaud refusant obstinément de
s'allumer… puis se transformant subitement en lance-flammes, au risque de griller la tente
et tout ce qu'elle contient. Il est généralement fortement déconseillé d'utiliser le réchaud
sous la tente, sauf à disposer d'une grande abside, car les premières flammes,
lors de l'allumage, ne sont pas toujours facilement maîtrisables.

L'allumage est en effet le moment le plus délicat puisque c'est alors un peu d'essence
liquide, envoyée dans la coupelle, qui va s'enflammer. Attention ! Même de l'essence
répandue accidentellement sur de la neige, peut prendre feu. Une solution consiste à
utiliser systématiquement de la pâte d'allumage (ou une tablette de combustible solide
Esbit ou Meta) pour préchauffer le tuyau métallique, lieu de la vaporisation, et accélérer
ainsi la production d'une flamme stable.
D'une façon générale, il ne faut jamais laisser un réchaud sans surveillance, ne serait-ce que
pour éviter de perdre une bouilloire dont le fond brûlerait, une fois son contenu évaporé.
Soyez toujours prêt à éteindre des flammes en les étouffant, ou à jeter le réchaud enflammé
à l'extérieur de la tente (cuisinez " porte ouverte "). Votre présence permanente permettra
aussi de redonner régulièrement de la pression dans le réservoir en donnant quelques coups
de pompe (si l'on entend le régime faiblir ou si la flamme passe du bleu au jaune).

La consommation représente 0,2 à 0,3 litre d'essence par personne et par jour,
si le réchaud n'est utilisé que pour les besoins de la cuisine. Ne l'employez pour le
chauffage que si un équipier est malade ou souffre d'hypothermie.

Par sécurité et commodité, le réchaud et, le cas échéant, la bouteille d'essence, doivent être
fixés sur une planchette ou dans une caisse de protection (pour protéger la flamme du vent).
Les réchauds MSR sont puissants et très prisés. Le Peak 1 de Coleman, moins puissant,
présente l'avantage d'intégrer dans un bloc unique le réservoir et le brûleur. Les réchauds
SIGG sont peu encombrants, mais peuvent présenter des difficultés au niveau du câble de
jonction bouteille-réchaud. Les Optimus s'affranchissent des plaques-supports, intégrant
dans une même boite métallique les différents constituants. Primus commercialise depuis
peu un réchaud de qualité élevée, qui est probablement le premier réellement multifuel,
pouvant fonctionner soit en utilisant des cartouches de gaz, soit un réservoir d'essence
ou de kérosène.


Enfin utilisez toujours le réchaud dans un lieu ventilé, car la combustion consomme
l'oxygène et peut dégager des gaz toxiques: oxyde de carbone ou vapeurs d'essence
incomplètement brulée
N'ouvrez jamais le réservoir ou la bouteille sans avoir préalablement "évacué" la pression
intérieure (par ouverture limitée du robinet). Effectuez cette opération à l'extérieur, loin
d'une flamme.
Respectez les phases d'un allumage prudent:

0. - Vérifiez l'absence de fuites (serrage de la fixation des tuyaux et du bouchon
de la bouteille)
1. - Le cas échéant, préchauffez avec de la pâte d'allumage.
2. - Robinet fermé, pompez (ni trop ni trop peu) pour donner de la pression dans
la bouteille.
3. - Ouvrez légèrement le robinet pour qu'un peu d'essence liquide apparaisse
dans la coupelle.
4. - REFERMEZ IMMEDIATEMENT LE ROBINET.
5. - Enflammez l'essence et attendez qu'une température suffisante pour vaporiser
l'essence soit atteinte (bruit catactéristique).
6. - Si la flamme menace de s'éteindre ou si la température semble insuffisante,
ouvrir et refermer à nouveau rapidement le robinet d'essence.
7. - Une fois le processus lancé (flamme bleue), ouvrir progressivement le robinet
d'essence.
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