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Les liaisons HF (hautes fréquences)

Si, jusqu'à la première moitié du 20 ème siècle, les explorateurs polaires ne disposaient

d'aucun moyen pour communiquer pendant les expéditions, la radio HF (fréquence de

quelques mégahertz) a été largement utilisée pendant les dernières décennies, et elle l'est

encore aujourd'hui. La gamme VHF (marine ou aéronautique, quelques dizaines de

mégahertz) est peu utilisée car les liaisons sont en vue directe, ce qui limite la portée.

En HF, même avec des puissances relativement faibles, les signaux peuvent franchir de

très

grandes distances en se réfléchissant sur les couches ionisées de l'atmosphère :

des centaines, des milliers de kilomètres, voire parfois plus.

Ce mode de transmissions présente deux inconvénients majeurs qui en font aussi

le charme, si l'on est attaché à la tradition des expéditions polaires :

. les conditions de transmissions sont aléatoires, en fonction de l'état d'ionisation

de la haute atmosphère. Les liaisons peuvent même être impossibles (blackout)

en cas d'orage magnétique, c'est-à-dire de bombardement intense de l'atmosphère

par les particules

provenant d'éruptions solaires ;

. il nécessite la mise en place d'une longue antenne filaire et il faut donc généralement

avoir préalablement installé son campement.

Le fil d'antenne, comportant souvent deux brins, doit être perpendiculaire

à la direction vers laquelle on émet. On peut fixer la partie centrale sur

deux skis plantés dans la neige, appuyés l'un contre l'autre, les deux extrémités

étant par exemple fixées aux manches de pelles dont la partie métallique

est fichée solidement sans la neige. Il faut veiller au bon état des fils,

parfois fragilisés par le froid (risque de coupures) : des réparations sont souvent

nécessaires.

Les radios canadiennes Spilbury SBX 11-A, pesant 3,6 kg et émettant sur 1,6 à

10 MHz avec une puissance de 10W, sont particulièrement prisées, car elles résistent

aux froids de l'Arctique. Elles utilisent 9 piles alcalines de type R-20 qui, en cas de très

grand froid (température inférieure à -35°c), peuvent être préalablement chauffées par

contact avec le corps.

Il faut prendre garde à ne pas émettre sans que l'antenne soit connectée, car l'énergie

se dissiperait alors dans l'émetteur au lieu d'être "évacuée", risquant d'endommager

gravement les circuits.

Les liaisons par satellites

Les liaisons par satellites ont ouvert de nouvelles possibilités, notamment pour la

transmission d'images et de données.

Les satellites géostationnaires ont été les premiers utilisés, mais ils présentent

les inconvénients suivants:

. étant en poste au-dessus de l'équateur, ils ne sont pas visibles aux latitudes les plus

élevées, l'utilisation devenant difficile au-dessus de 75°;

. étant éloignés de la Terre (à 36000 km), ils nécessitent une mallette relativement

lourde, avec une antenne qu'il faut orienter vers le satellite;

. l'émetteur-récepteur est gourmand en énergie.

Les satellites Inmarsat sont les plus utilisés. Les terminaux se présentent sous forme

de valises pesant au minimum 2,2 kg. Pour ce dernier modèle, leur location coûte

de l'ordre de 550 € par mois hors taxes (chez Orbitica) ou un achat pour

2720 € hors taxes, les communications étant facturées environ 3 $ la minute

(hors taxes). Un terminal de type "modem satellite" est disponible pour 940 €

hors taxes.

En France, des valises Inmarsat sont louées ou vendues par les sociétés TDCom
(www.tdcom.com) ou Orbitica (www.francesatellite.com).

Les constellations de satellites en orbite basse permettent aujourd'hui d'utiliser des
téléphones portables spécifiques dont les dimensions réduites n'ont rien à envier à nos

portables habituels.

Le réseau Globalstar n'est pratiquement pas utilisable aux latitudes élevées

qui ne sont pas survolées par les satellites. Il faut donc utiliser le système Iridium,

comprenant 66 satellites en orbite polaire.

L'avenir de ces réseaux reste incertain car la clientèle s'est révélée beaucoup plus

limitée que leurs promoteurs l'espéraient. A terme ils céderont probablement

la place à des système utilisant des satellites géostationnaires.

C'est aux expéditions que revient l'initiative de l'appel puisque, de toute

façon, le terminal de l'expédition n'est pas allumé en permanence.

L'envoi de SMS par Internet ( http://www.iridium.com ) permet un contact souple

"base vers l'expédition" sans qu'il soit nécessaire que le récepteur reste en

permanence sous tension. Des e mails peuvent aussi être envoyés facilement

à l'adresse du numéro attribué 8816xxxxxxxx@iridium.com.

On pourrait penser que les satellites Iridium en orbite polaire sont d'autant plus

nombreux en visibilité directe que l'on se trouve aux hautes latitudes.

En réalité, la couverture est homogène sur la surface de la planète,

les satellites "en surnombre" étant inactifs lors de leur survol des hautes latitudes.

Notre expérience d'Iridium montre que les liaisons peuvent toujours être établies

et que les coupures sont rares. La qualité est généralement assez satisfaisante,

les voies aigues passant plus difficilement.

Un système de recharge par piles au lithium peut être utilement prévu.

Iridium commercialise également un système de rechargement par panneau solaire.

Un service de transmission de données à 10 kbits/s est dorénavant disponible.

Relié à un ordinateur (qu'il reste à faire fonctionner, à ces basses températures),

il est possible de recevoir des cartes de l'état des glaces ou de la

situation météorologique, et d'émettre des photos de l'expédition

prises avec un appareil numérique.

Alors que l'utilisation de la HF exige généralement d'avoir fixé préalablement des

heures de vacation, le téléphones par satellite, aboutissant sur un poste téléphonique

standard, est utilisable à tous moments.

La location d'un téléphone Iridium est de l'ordre de 360 € H.T. par mois

(1400 € H.T. à l'achat), auxquels il faut ajouter des frais d'ouverture de ligne

d'environ 25 €, un abonnement mensuel de l'ordre de 34 € H.T. (phonie seule)

et un coût des communications de 1,5 $/minute H.T.

L'envoi de messages alphanumériques par Internet ou e mail de moins de

120 caractères est gratuit.

En France, on peut louer ces téléphones auprès de la société Geolink .

On peut également louer un modèle classique auprès de la société Orbitica.

Les balises ARGOS

Au-delà de leur fonction d'alerte en cas d'urgence, les balises Argos peuvent être

considérées comme un moyen de transmission (à sens unique, il est vrai), puisqu'elles
permettent d'envoyer un code de 1 à 16 dont la signification aura été préalablement

convenue avec l'équipe de soutien. Avec l'utilisation qui se généralise de téléphones

satellites, leur usage est aujourd'hui plus limité.

Le code "Tout va bien" pouvant continuer à être envoyé après un accident grave,

si personne n'est en état de le changer, le bon déroulement de l'expédition peut être

attesté par l'alternance de deux codes, par exemple toutes les 12 heures.

Les balises Argos n'ont pas une fiabilité totale, et les codes doivent être tous vérifiés

avant le départ.

Quelques exemples de significations possibles des codes :

. Demande de récupération urgente

. Demande de récupération sans urgence

. Demande d'assistance médicale

. Panne de radio, nous n'avons pas de réception