Nanuk, l'ours polaire.
Les photos splendides prises par les photographes animaliers, eux-mêmes très souvent
protégés par une " barrière physique " (dans un véhicule, par exemple), ne doivent pas
faire oublier que les ours blancs sont imprévisibles, parfois dangereux, et qu'ils sont
chaque année à l'origine d'accidents souvent mortels. Si la rencontre avec un ours blanc
est toujours un moment fascinant, c'est une situation d'urgence et elle doit être traitée
comme telle.
Evitez de monter votre tente dans les lieux les plus fréquentés par les ours.

Eloignez-vous des trous de phoques (zones de chasse privilégiées des ours blancs)
ou des lieux où les traces se croisent et s'entrecroisent.
Sachez détecter rapidement l'intrus.

Lorsque vous marchez, soyez attentif aux traces de pas sur le sol, aux traces de sang
(restes des repas des ours). Retournez-vous souvent.
Certains chiens du Grand Nord savent détecter la présence d'un ours. Dans de rares cas,
ils peuvent même aider à les éloigner. Dans les villages inuits, on peut parfois louer des
chiens entraînés à cet exercice. Pensez-y surtout si vous marchez en solitaire.
Au campement, on peut utiliser des alarmes placés sur les pulkas et la poubelle.
De petites alarmes (de portes), autonomes, vendues notamment dans certains grands
magasins, peuvent ainsi être posées sur les pulkas. Elles se déclenchent lorsqu'à la suite
d'une manipulation, un petit aimant est désolidarisé du boîtier. On peut aussi utiliser des
barrières avec un fil entourant le campement, qui déclenchent une alarme ou un pétard
lorsqu'on les heurte (en vente au Spitzberg, mais on peut aussi en fabriquer soi-même).

Enfin, quand vous sortez de la tente, jetez un coup d'œil circulaire.
Conseils de comportement.

En cas de face à face avec un ours blanc des conseils de comportement peuvent
être trouvés dans des documents officiels canadien ... ou ailleurs !!!
Dissuader l'ours de rester.

Certaines techniques sont prohibées; d'autres sont inefficaces :

Endormir l'animal avec une cartouche soporifique est une méthode réservée
aux services officiels.

Un Japonais utilisait un ballon rempli de poivre sensé faire fuir l'animal s'il y donnait
un coup de patte dedans, … mais l'explorateur est décédé victime d'un ours blanc.

Les bombes de gaz lacrymogène ne peuvent être utilisées à une distance suffisante.
Elles peuvent tout juste est considérées comme un moyen aléatoire de dernier
recours si vous n'avez rien d'autre et si l'ours, qui doit déjà être bien près, ne
vous a pas encore donné un coup de patte.

Les pétards, même gros, sont peu efficaces lorsqu'ils explosent au sol ou à proximité,
la neige amortissant fortement la détonation.
Les pistolets de marine (calibre 4) ou les autres pistolets lance-fusées, capables de
lancer des fusées ou des cartouches détonantes, restent le meilleur moyen de
dissuasion. Ils disparaissent malheureusement au profit de stylos lance-fusées
ou d'autres procédés moins efficaces. Lorsque vous tirez, ne vous attendez pas
à ce que la détonation (ou la fusée) fasse détaler l'ours.
Dans la plupart des cas, elle ne fera que l'inquiéter quelque peu, le persuader
que vous n'êtes pas un phoque et le pousser par prudence à continuer
(souvent tranquillement) son bonhomme de chemin.
Tirez une cartouche et observez les réactions de l'animal. S'il ne recule pas, tirez une
seconde cartouche. N'employez pas, dans la précipitation, toutes vos munitions;
vous ne feriez que l'habituer aux détonations. Certains conseillent de tirer en
direction de l'ours. Nous vous conseillons plutôt de tirer en l'air: le bruit sera
plus important et vous éviterez surtout que la détonation ne se produise dans
le dos de l'ours qui vous fait face, ce qui pourrait le conduire à chercher refuge
dans vos bras.

En l'absence d'un pistolet de ce type, vous pouvez utiliser votre fusil avec des
balles à blanc.
L'arme ultime.

Si, en dépit des détonations, l'ours continue à avancer, le fusil (voir le chapitre "fusil")
peut devenir alors votre dernier recours. Il est fortement recommandé d'en avoir
un partout où des ours blancs peuvent être rencontrés, et il n'est interdit que dans
les parcs nationaux canadiens. Vous le sortirez de sa housse et vous le préparerez
dès que vous aurez aperçu la bête. Si vous êtes au moins deux, partagez-vous les
tâches: un équipier pour le pistolet lance-fusées, l'autre prêt à tirer si l'animal charge.
S'il n'y a plus d'autre solution et que le danger est immédiat, visez la partie avant
principale de l'épaule ou la partieinférieure du cou et de l'épaule.
Ours polaire rencontré sur l'île
Bathurst (Nunavut) durant une
expédition à ski-pulka.
Préparation d'un peau d'ours
(Resolute Bay, Nunavut)
Arnaud Tortel et le
chien Bruno (1997)
Montage d'un filin de
détection d'ours autour
des pulkas
Pistolet lance-fusées et cartouches
détonantes
Face à un ours au comportement
suspect: un équipier utilise le pistolet
à cartouches détonantes, tandis que
l'autre tient le fusil prêt en cas
d'attaque.
L'ours blanc est un animal protégé qu'il est interdit de tuer, sauf en cas de légitime
défense. N'oubliez pas que le "randonneur polaire" doit respecter l'environnement
où il évolue, et en particulier la faune. Même si un ours vidait votre pulka et
engloutissait vos réserves de nourriture, vous ne pourriez qu'être le témoin impuissant
de ce festin, car il n'y aurait paslà motif à légitime défense.
Les autorités (Canada, Spitzberg etc) sont extrêmement strictes, et si vous étiez
conduit à abattre un ours, une enquête rigoureuse serait menée pour vérifier
dans quelles conditions.
Le risque est une très forte amende. Au Canada, même si la légitime défense
est avérée, vous devrez indemniser la société des chasseurs inuits, car l'ours sera
prélevé sur le quotaannuel qui leur est attribué. Cette même société récupérera la bête.
Dès lors, voici quelques conseils:

N'attirez pas les ours.

Evitez de conserver de la nourriture dans la tente où vous dormez. Les autorités
conseillent de conserver la nourriture (et de faire vos déjections) à une certaine distance
de la tente, mais en vue directe.
Ne laissez pas de détritus lorsque vous quittez un campement. Brûlez les
régulièrement, récupérez les restes dans un sac poubelle étanche et recouvrez les cendres
résiduelles de neige. Recouvrez aussi vos déjections.
Si vous voyez un ours, ne cherchez pas à le nourrir, mêmes avec vos détritus,
sauf à vouloir qu'il vous suive à la trace jusqu'au terme de votre expédition.
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