Les gelures
Les gelures sont souvent une conséquence de la réaction du corps contre l'hypothermie.
La vasoconstriction des vaisseaux a en effet pour objectif de privilégier le "noyau central" en
bloquant les échanges avec l'extérieur, au détriment de la peau. Moins bien irriguée, cette
dernière devient vulnérable. Mais les gelures peuvent aussi être causées par des vêtements
trop serrés ou humides.

Comme pour les brûlures, plusieurs "degrés" de gelures sont possibles, depuis une atteinte
bénigne jusqu'à la nécrose (mort) des tissus qui peut conduire à une amputation de phalanges
ou d'orteils. Les gelures superficielles du nez, des joues ou des extrémités des doigts sont
fréquentes en expédition. Bien surveillées et "contrées", elles ne présentent généralement pas
de caractère de gravité. ATTENTION ! Les gelures préviennent rarement : elles peuvent
s'installer insidieusement ou être très brutales.
Facteurs favorisant l'apparition des gelures

Les mêmes facteurs accélérant l'hypothermie, sont les facteurs qui favorisent les gelures.
Les précautions sont donc aussi les mêmes :

1°) se reposer, boire et manger suffisamment ;
2°) porter des vêtements secs et amples ;
3°) être attentif à soi et aux autres (taches blanches sur visage, nez, oreilles), bouger souvent
ses extrémités.

Dès que l'on sent le froid envahir ses extrémités :

Soyez attentifs aux onglées douloureuses et prenez les "contre-mesures" dès ce moment.
Méfiez-vous de l'aggravation qui va provoquer une anesthésie de la zone touchée en risquant
de vous faire oublier le mal qui s'installe.

Effectuer des mouvements (doigts, orteils dans les chaussures, "danse du scalp").
Si le froid envahit vos mains, ne les laissez pas sur la poignée des bâtons de skis,
tenez les bâtons aussi bas que possible pour faciliter la circulation sanguine par gravité.
Sachez reconnaître les premiers signes de gelures

Les gelures du visage apparaissent soit sans préavis, soit avec un picotement ou une petite
brûlure passagère : elles se caractérisent par une zone blanchâtre.

Les gelures plus importantes peuvent être annoncées par une douleur brusque, superficielle
ou profonde, parfois forte. Mais quelquefois la région touchée est d'emblée insensible.
Un œdème va alors se former, avec un changement de coloration de la peau, puis des
phlyctènes (cloques) apparaissent.

Pour les gelures graves, la nécrose pourra nécessiter l'amputation d'une ou plusieurs
phalanges.
Un premier traitement

La première réaction est le réchauffement local : protéger la zone touchée (utilisation d'une
"deuxième peau" anti-ampoules sur le visage), la réchauffer au contact d'une autre partie
du corps : réchauffement du visage par application des mains, réchauffement des mains
sous les aisselles... Ne frictionnez jamais la partie gelée avec de la neige.

Si des microgelures d'extrémités des phalanges ne nécessiteront généralement aucun
traitement, on pourra traiter les cloques bénignes comme des ampoules : les percer
et faire passer un fil pour évacuer le pus, désinfecter puis appliquer un pansement aseptique,
et associer à un traitement aux antibiotiques (une fièvre peut se produire).
Au-delà, par exemple si la nécrose menace une partie importante d'une phalange, si l'on veut
éviter une amputation, une intervention médicale s'impose qui exige un retour rapide
à la civilisation, voire une évacuation sanitaire.

Peut-on préparer son corps aux agressions du froid ?

Pour développer des défenses et mieux résister au froid, certains préconisent des séances de
bivouac sur le balcon en plein hiver ou des bains d'eau froide. Nous pensons que ces
"tortures" sont peu utiles et que l'adaptation sur place sera généralement suffisante.

Toutefois, pour les mains, les spécialistes du Centre de recherche du Service de santé des armées
proposent de les immerger tous les jours, pendant quelques minutes, dans une cuvette d'eau avec
des glaçons, aussi longtemps que la douleur le permet, afin de permettre une meilleure tolérance
et une dextérité accrue.


A lire :

Médecine et montagne, par Jean Rivolier, Editions Arthaud, Paris 1956
"Danse du scalp" pour
réchauffer les mains
Des gelures qui s'aggravent :
nécrose partielle de phalanges
(réf : Icewalk par R. Swan)
Confection d'un pansement
sur des phalanges ayant
subi des gelures de gravité
moyenne

Après les soins sur les
phlyctènes (évacuation du pus).
Photos médecin en chef J.C. Gril
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